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Athlète de CrossFit® et maman, ça se passe comment?

Gérer sa pratique du CrossFit® en étant enceinte, le sujet intéresse beaucoup. Mais après? Comment cela se passe une fois que la crevette est là? Pour parler du pendant et de l’après, on a posé plein de questions à Isabelle Haupert, de CrossFit® Grillen. Merci beaucoup, Isa !!

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Isabelle Haupert, j’ai 32 ans (tout bientôt 33 ^^), je suis maman d’une adorable petite Liv de bientôt 11 mois et j’aide les personnes à atteindre leurs objectifs et à se sentir mieux au travers de leur pratique du CrossFit® dans ma box, CrossFit® Grillen à Colmar. En parallèle de mon travail de coach à CrossFit® Grillen, je suis également à mon compte avec des suivis personnalisés et spécifiques pour Mjollnir Programming.

Je suis CrossFit® Level 2 Trainer, CrossFit® Kids Trainer, formatrice en BPJEPS pour les publics spécifiques : enfants, adolescents, personnes en ALD, femmes enceintes et post-partum.

Depuis combien de temps pratiquais-tu le CrossFit® avant ta grossesse ?

Issue de la natation et de la danse classique, ma pratique du CrossFit® a commencé durant l’été 2014. Elle a commencé dans une salle de fitness classique puis par la suite dans la première box affiliée d’Alsace, CrossFit® Strasbourg.
Je pratiquais à raison de 3 à 4 wods en classe par semaine au départ.

J’ai ensuite ouvert ma box en 2016 avec mon conjoint, Luc Millier, et le CrossFit® a pris une toute autre dimension dans nos vies ^^.
J’ai appris ma grossesse en juin 2020 donc presque 6 ans après mes débuts dans cette pratique sportive :).

Pratiquer enceinte, c’était une évidence ? Comment as-tu adapté tes WODs ? Tu as continué pendant l’ensemble de ta grossesse ?

Avant d’être enceinte j’étais inquiète par une seule chose : je ne veux pas vivre ma grossesse sans sport ou alitée.
J’ai vraiment eu de la chance de ce côté-là, puisque j’ai pu pratiquer tout au long de ma grossesse. J’ai eu ma première contraction 1h après avoir fini le 17.1 en mode pregnant ^^ (10/20/30/40/50 alternating DB hang snatch – 15 burpees box step over).

Je ne sais pas si c’était une évidence mais disons que mes connaissances, mes expériences et mes formations à ce sujet m’ont permis d’adapter mes entraînements dès le début.

Lorsque j’ai su que j’étais enceinte, j’ai pris chaque jour l’un après l’autre et chaque entraînement l’un après l’autre. Je ne faisais que des mouvements avec lesquels je me sentais à l’aise et ces derniers pouvaient évoluer au cours de la grossesse. Je n’étais par exemple à l’aise avec l’idée de faire des HSPU que durant le deuxième trimestre. A l’inverse, les butterfly pull ups m’ont suivi tout au long de ma grossesse tout comme l’haltérophilie.

Le fait d’avoir une programmation établie m’a permis de rester motivée = je ne passais pas mon temps à me demander ce que je pouvais faire.
Le premier trimestre a été rythmé par une grosse fatigue mais c’est tout (pas de nausées… ouf). C’est la période durant laquelle j’ai le moins fait de sport, même si je gardais quand même 2 à 3 séances par semaine :). Le deuxième et troisième trimestres ont ensuite été vraiment super… un vrai bonheur de voir son corps évoluer, ainsi que ses sensations, durant sa pratique.

Après avoir accouché, comment as-tu géré le retour, entre la fatigue, les nouvelles habitudes, la rééducation ?

Je me souviens avoir dit à Luc avant l’accouchement que ça allait être dur de ne pas aller m’entraîner juste après l’accouchement. J’étais très loin de la réalité. Honnêtement, durant un accouchement, on se fait littéralement passer dessus par un camion… on a l’impression que notre corps ne nous appartient plus. J’ai eu la chance d’avoir eu un super accouchement avec un bébé sorti en 15’ chrono mais il n’empêche que c’est une sacrée épreuve pour son corps et son mental.
La fatigue a été le plus dur, le corps qui fait mal, les courtes nuits (j’ai allaité Liv durant 10 mois) et la gestion de ce petit être, ont été un sacré défi.

Étant à mon compte en parallèle de mon CDI à CrossFit® Grillen, j’ai continué à travailler, même à la maternité, sur mes programmations, je crois que cela fait partie de mon équilibre. J’ai ensuite repris une petite routine juste avant de commencer ma rééducation du périnée. C’est là qu’est arrivé mon programme post-partum (“7 weeks post partum program”). Je me sentais bien et j’avais besoin de retrouver une dynamique progressive. Je sentais aussi que j’avais besoin de renforcer mon dos assez rapidement.

Ton conjoint et toi, avez-vous changé votre rythme d’entraînement depuis la naissance de votre fille ?

Avec Luc, nous nous entraînions principalement ensemble avant l’arrivée de Liv. Les choses ont bien changé maintenant.
Nous partageons nos journées de coaching et de training. Par exemple, lorsque je fais l’ouverture de la box à 07h, je m’entraîne de 10h à 11h30 avant de recoacher à midi puis je prends le relais avec Liv et c’est au tour de Luc : training et coaching sur les wods du soir.
On arrive parfois à se caler ses sessions ensemble et ça fait quand même sacrément plaisir.

Vous l’emmenez à la box avec vous ou vous vous donnez le tour pour aller vous entraîner ?

Durant le printemps et l’été Liv était assez souvent avec nous à la box mais avec l’arrivée du froid, c’est beaucoup moins le cas actuellement.
Quand elle était plus petite, elle ne bougeait pas trop et restait sur son tapis puis après c’est devenu beaucoup plus sport… si on tourne la tête trop longtemps, ça pourrait vite finir en partie de cache cache.

Est-ce que devenir mère a changé tes objectifs en tant que pratiquante, mais aussi compétitrice ?

Devenir mère a bien sûr changé mes objectifs… mais aussi mon âge. J’ai toujours aimé m’entraîner et faire de la compet mais ma priorité n’a jamais été à l’entraînement : d’abord le développement de Grillen, les coachings et mes programmations puis maintenant, Liv et ma famille en tête de liste.

Il est par contre important pour moi de toujours avoir mon équilibre, de suivre aussi mes envies et de me donner les moyens d’y arriver. Je ne peux plus m’entraîner autant que je le voudrais, mais mes 3 à 4 entraînements par semaine sont du coup très qualitatifs.

Une grossesse génère des changements au niveau de la silhouette. Est-ce que tu as ressenti une forme de pression pour te conformer à un certain physique ?

Une grossesse, c’est une tornade dans la vie d’une femme. J’ai vraiment très bien vécu la mienne mais bien sûr que l’on se pose la question de comment son corps évolue durant ces 9 mois, les kilos pris, ainsi que la question du “retour”.
Je pense que l’on est encore plus sujet à ces craintes actuellement avec les réseaux sociaux et encore plus lorsque l’on est coach sportif (notre corps est notre outil de travail). 🤣

Je n’ai pas ressenti de pression mais c’est vrai qu’encore actuellement on me fait régulièrement des “remarques” sur la perte du poids de grossesse, le dessin musculaire etc… Je pense que quand on évolue dans ce métier, c’est normal d’être un peu plus attendu au retour, si j’ose dire.

Je sais que tu as développé une prog pour les futures mamans et les nouvelles mamans. Quel(s) conseil(s) pourrais-tu leur donner ?

J’ai developpé Mjollnir Pregnant (= la version pour femme enceinte de la programmation Mjollnir Programming de Luc Millier), puisque je ne me voyais pas ne plus suivre ma prog et j’ai eu au final des demandes extérieures pour son contenu et ça continue toujours maintenant. En fonction des périodes, entre 10 et 20 femmes suivent la prog tous les mois. Pour la pratique durant la grossesse, mon seul conseil est le suivant = “Ecoutez-vous et ne prenez rien pour acquis en terme de mouvement durant la grossesse. Vous êtes la plus à même de savoir ce qui peut représenter un danger pour vous ou votre bébé ».

J’ai ensuite développé le “7 weeks post partum program” durant la fin de ma grossesse et mon post partum. C’est un programme basé sur 3 cycles évolutifs, composé chacun de 8 séances. Ce n’est pas un programme de rééducation mais vraiment un programme de réathlétisation pour la reprise de l’activité sportive.

En post-partum, mon conseil est simple “Prenez le temps. Ce n’est pas car vous vous sentez bien à J+10 que votre corps lui s’est remis de tous les changements qu’il a subi, laissez lui le temps, et prenez le pour vous aussi”.

Qu’est-ce que les boxs pourraient développer pour être plus adaptées pour les nouveaux parents et leurs enfants ?

Ce que je retiens de mes échanges avec les filles qui suivent ma programmation pregnant ou le post-partum, c’est généralement le manque de connaissances des coachs sur le sujet de la pratique sportive enceinte ou sur le post-partum. Il faut aussi dire que pour trouver des formations intéressantes sur le sujet, il faut aller chercher outre-atlantique.

De notre côté à CrossFit® Grillen, nous accueillons les parents avec leurs petits bouts pour qu’ils puissent continuer à s’entraîner. Si nous sommes maintenant équipés en termes de changes, de tapis de jeu etc… je pense que l’on peut aussi s’améliorer en proposant un lieu au calme, sécurisé, pour qu’ils évoluent en sécurité durant la pratique de leurs parents.

La moyenne d’âge des pratiquants dans les boxs de CrossFit® se trouve entre 29 et 37 ans… typiquement le genre de profil qui tôt ou tard deviendra peut-être parents… et ça en fait des bambins qui vont courir partout après.
Dans certaines salles de fitness, des moyens de gardes sont possibles au sein des salles (comme des sortes de petites crèches)… mais cela représente aussi un coût important, ainsi qu’une personne qualifiée. Ce qui est difficilement absorbable pour une box de CrossFit®.

Alors je pense que, comme nous, la plupart des owners permettent aux adhérents de venir avec la poussette de bébé ou leurs enfants durant les wods. Après tout c’est aussi ça la communauté. 😎 🤣✌

Retrouvez les programmations d’Isabelle en cliquant sur les liens suivants :

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