C’est entre deux avions et une installation au village Olympique que Lionel Lefebvre, pousseur de l’équipe de France de Bobsleigh et athlète à CrossFit® Nimes a eu la gentillesse de répondre à mes questions ! Il revient sur son parcours mais aussi sur sa manière de s’entraîner…
Peux-tu te présenter ?
Oui bien sûr ! Je m’appelle Lionel Lefebvre, J’ai 29 ans. Je suis du sud de la France à côté de Nîmes, j’ai fait mes études dans le sport et la santé à l’université des sciences du sport à Marseille Luminy (MASTER APS).
Et je suis actuellement dans l’équipe de France Olympique de bobsleigh en route pour Pékin.

Tu es aujourd’hui en route pour Beijing, pour les Jeux olympiques. Quel a été ton parcours sportif avant le bobsleigh ? Comment es-tu arrivé au Bobsleigh ?
Depuis tout petit, j’ai toujours pratiqué du sport : je suis passé du judo au rugby, mais aussi par la gymnastique aux agrès, pour un jour m’attarder sur l’athlétisme avec le lancer de disque. Dès mes premiers mois de pratique, j’ai réussi à me qualifier au championnat de France jeunes, ce qui m’a donné faim de compétition et de résultats. Je voulais performer, être le meilleur. En m’entraînant dur, j’ai pu faire plusieurs fois des podiums aux championnats de Franc et une fois champion de France universitaire. Ensuite, j’ai eu une opportunité d’essayer le bobsleigh avec Romain Heinrich, le pilote actuel de l’équipe de France. J’ai essayé par curiosité, ça m’a plu et du coup, je me suis lancé dans un nouveau challenge, celui de faire les JO. Ce qui m’étais jusque là impensable…
J’ai lu que l’échéance des JO de 2018 t’a quasiment fait arrêter le bobsleigh, que s’est-t il passé ?
Oui, cela a été une phase difficile dans la carrière, car malgré tous les efforts fournis durant 3 ans, ayant contribué à la qualification d’un bob pour les JO de 2018, je n’ai pas été retenu en titulaire, ni en remplaçant. Mais bon, le monde du sport peut être dur. Il faut savoir encaisser les coups durs et s’en servir de moteur pour la suite. Là, on peut dire que je suis vraiment tombé de haut, mais que j’ai réussi à me relever encore plus fort, autant physiquement que psychologiquement.

Quand et comment as-tu découvert le CrossFit® ?
J’ai découvert le CrossFit® à Marseille (CrossFit® Phocea) vers 2015 car je cherchais une structure qui me permettait de réaliser tous mes entraînements, en particulier le développement de la force et de la puissance (haltero, etc). Et les salles de CrossFit®, notamment celle de CrossFit® Phocea était juste parfaite ! Les coachs sont devenus des potes d’entraînement ! J’en garde d’excellents souvenirs.
Tu t’entraînes dans une box? Si oui, laquelle ?
Une fois mes études terminées sur Marseille, je suis retourné dans le Gard à côté de Nîmes. Et là j’ai eu la chance de tomber sur CrossFit® Nîmes ! Je leur ai raconté mon parcours, mon histoire, et ils m’ont rapidement soutenu !
CrossFit® Nîmes, c’est comme ma seconde maison et ma seconde famille ! Je m’y sens tellement bien là-bas ! Je ne changerais pour rien au monde !

En quoi consiste ton entraînement de CF : tu participes aux WODs avec les copains ou tu as un entraînement spécifique pour t’aider en bobsleigh ?
Non, j’ai mon entraînement spécifique, je réalise la partie développement de la technique de poussée et vitesse sur un stade d’athlétisme à Rochefort du Gard. Et la partie renfo, développement de la force et puissance à la box de Nîmes. Mais très régulièrement, les copains se greffent pour tirer quelques barres. Ça permet de retrouver une bonne émulation, importante pour essayer de se surpasser sur chaque répétition.
Que t’apporte le CrossFit® dans ta pratique du bobsleigh ? Et inversement ?
Le CrossFit® m’a permis de véritablement accroître mon dynamisme et ma force essentielle pour la pratique du bobsleigh lors de la poussée. La qualité incroyable et la diversité du matériel au sein de ma box, m’assurent une optimisation à chacune de mes séances.
Quels sont tes mouvements préférés ? Et ceux que tu aimes moins ?
Mes mouvements préférés sont les squat complet (230 kg), Anderson squat (340 kg) et le power clean (161 kg).
Ceux que j’aime le moins sont les DU et les MU qui sont difficiles lorsque l’on dépasse les 100 kg !
Quelles ont été les étapes pour être sélectionné pour ces JO ?
Cetet année, les sélections se sont déroulées, globlement, en 3 étapes :
-1 ère phase de sélection en septembre pour déterminer les titulaires pour 5 coupes du monde suivantes. Il s’agissait de tests de poussée de chariot individuel sur glace où l’objectif était de faire le meilleur chrono possible sur son poste de poussée.
-2 ème en décembre avec une autre phase de sélections de la même manière que celle de septembre. Cette fois-ci, celle-ci a permis de déterminer les titulaires pour les 3 coupes du monde restantes, les championnats d’Europe et potentiellement l’équipe pour les JO.
-La dernière étape pour être définitivement sélectionné pour le JO de Beijing a été d’attendre la commission de sélections durant le mois de janvier. Elle a officiellement sélectionné les athlètes titulaires et remplaçants pour Pékin.

Comment as-tu géré la situation pendant les périodes de confinement ?
Avec ce confinement, j’ai obligatoirement dû m’adapter car il était hors de question de réduire le volume et la qualité d’entraînement. Pour le travail de sprint, j’ai recherché une route adaptée, avec ligne droite de minimum 200 m. Pour la partie CrossFit® et haltérophilie, j’ai pu m’entraîner chez moi où j’ai une surface de 20 m carrés avec un plateau d’haltero et rack à squat. Bien sûr, j’ai dû un peu ajuster certains exercices, mais j’ai pu travailler de façon quasiment normale.
À quoi ressemble ta semaine en termes d’entraînement ? Au quotidien ? À l’approche des JO ?
Je m’entraîne 6 jours par semaine, et le plus souvent en biquotidien. Cela représente un volume horaire quotidien d’environ 4-5h. Chaque semaine, 50 % de mon temps d’entraînement est dédié au sprint/ poussée et la pliométrie. La seconde partie est consacrée aux entraînements en salle de CrossFit® avec différents types de séances. On retrouve des séances plus focus sur le travail de la force ou sur la puissance, mais aussi des séances de renforcement complémentaire qui permettent de gommer d’éventuels déficits (déséquilibre chaîne ant/post, proprioception, souplesse, gainage).
Le plus souvent, je préfére me lever tôt et démarrer la journée par les séances de sprint avant les muscul de l’après midi car les feed-back techniques sont plus présents.
Est-ce que tu peux entièrement te consacrer à ton sport ou tu dois avoir un emploi à côté ?
Non, je suis obligé d’être à 100 % dans mon sport, surtout sur une année olympique comme celle-ci. Mon sport prend énormément de temps que cela soit l’été ou l’hiver.
Lors de la préparation estivale, en plus du volume d’entraînement, il y a des stages en équipe de France tous les mois. Et durant l’hiver, avec tous les déplacements et les compétitions, nous sommes généralement 5 mois à l’étranger. Du coup, c’est compliqué de pouvoir travailler en même temps.
Je vis principalement avec le RSA et des aides de la fédération française des sports de glace.
Mais pour les prochaines années, il faudra que je trouve un emploi plus fixe, en créant par exemple mon entreprise de coaching qui permettrait de partager mon expérience et mes connaissances dans le haut niveau au service de tous les sportifs.

À ton retour de Beijing, un peu de repos ?
Ah oui ! Cette saison a été très très rude physiquement et mentalement. En rentrant de Pékin oui, je vais prendre plusieurs semaines de repos pour me permettre de me régénérer avant la suite.
On voit pas mal d’athlètes de CrossFit® comme Tia Clair Toomey ou Kelsey Kiels qui se mettent au bobsleigh, qu’en penses-tu ?
J’ai eu la chance de les croiser lors de coupes du monde, je trouve ça bien que des crossfiteurs de renom s’intéressent à ce sport ! Cela permet de mieux le faire connaître, et pourquoi pas de créer des vocations ! Après être bobeur ne s’invente pas et reste une pratique à part entière, avec sa technicité qui lui est propre. En général, les crossfiteurs ont besoin de plusieurs années de travail spécifique pour devenir pousseur de coupe du monde, par exemple.

Savoir pousser un bob demande un très bon niveau en athlétisme, notamment sur le sprint ce qu’il leur manque le plus souvent.
Savoir appréhender la survitesse lors de la poussée demande pas mal d’expérience aussi.
Merci beaucoup Lionel d’avoir pris le temps de répondre à mes questions ! N’hésitez pas à le suivre et à l’encourager via son compte instagram : @athlefiit