Blablabla, Débuter

C’est dans la tête…

Le CrossFit®, c’est une histoire de jambons, de bibis, et autres noyaux. Bref, si ton corps est dans le même état qu’une mousse au chocolat oubliée dans le fond du frigo, il y a peu de chances que ton WOD se passe comme sur des roulettes – même si c’est celles que tes parents ajoutaient sur ton vélo Decat’. Je ne t’apprends rien : de grosses courbatures, voire une blessure, et tu es à deux doigts de lâcher ta kettle pour aller jouer les burritos dans ta couette en plumes d’oie. Pour le supplément fromage, je laisse ça à ta libre appréciation.

Reste que, contrairement à ce que dit la légende urbaine, nous ne sommes pas des machines. OK, Muriel, si ça t’amuse, je peux faire des « oh » et des « ah » parce que tu as réussi à augmenter ton PR en deadlift sans lâcher de perlouze. Et ça, c’est surement un tour de force – à tous les sens du terme. Sauf que pas besoin d’être un.e spécialiste en philosophes allemands décédés depuis 150 ans pour savoir que nous ne sommes pas « juste » un corps. OK, exception faite de Kaylan, ton petit cousin de 5 ans qui se nourrit uniquement de mines de Crayola. Lui, on ne sait pas trop s’ils ont passé tous les câbles lors de la construction. Ca, et ceux qui ne respectent pas le code de la route avec leur trottinette.

Pour la majorité de l’humanité, la tête fonctionne généralement de pair avec les jambes – et le reste. Or, la tête, c’est un sacré bordel. La mienne, du moins. Et rien à voir avec celui qui a inspiré Les Demoiselles d’Avignon à Picasso. Non, je ne te parle pas de personnes qui vendent leurs charmes et font des concours qui lance le plus loin sa culotte. Je te parle de neurones, de psyché, de mental, de motivation, tout ça réunit dans un mélange de strates plus ambitieux que le premier Opéra imaginé par Gaston Lenôtre.

Comme les squats, la motivation connaît des hauts et des bas. C’est pour ça qu’il faut davantage compter sur la discipline plutôt que sur cette perfide Jézabel. Mais l’autre étape à la fusée, c’est le moral. Parce que, chez moi, il a un impact non négligeable sur mon entraînement.

Si tu es tout le temps heureux, tu as de la chance. Ou alors tu vis dans une habitation troglodyte, tu as une télévision sur le bide et tu demandes des faveurs sexuelles à ton aspirateur. Dans ce cas, tu es un Teletubby. En ce qui me concerne, je peux toujours courir de colline en colline en hurlant « eh oh », ça ne jouera pas spécialement sur mon moral (sauf si quelqu’un me voit et me fait interner. Là, il faudra remercier les cachets de toutes les couleurs).

Aussi, telle une vache normande, je rumine (heureusement, à la différence de la bestiole, j’ai encore le contrôle de mes sphincters). Et si j’arrive à la box contrariée, je mets forcément du temps à me concentrer sur le WOD (et je passe 10 minutes à errer comme une poule qui a trouvé un couteau). Evidemment, plus le moral est bas, plus c’est difficile de se sortir les soucis de la tête. Rien ne va, tu te prends les pieds sur les DU, tu pends à la barre comme un jambon chez le charcutier, tu manques de te flinguer les métatarses avec les bumpers, … Et sprinkles sur le cupcake (paye ta ref de 2011), tout fout le camp si tu es confronté à un mouvement que tu n’aimes et/ou qui te met en difficulté (ce qui va souvent ensemble). Là, c’est la débandade. Adieu veaux, vaches, cochons, désinscrivez-moi, je me mets au longe côte.

J’exagère? Mouaif, pas certain. Sans rentrer dans les détails, l’autre jour, j’étais au bout du rouleau – et pas celui pour faire sa mobilité – à cause d’un problème familial. J’avais réussi l’exploit de me désincarcérer du lit et de ne faire de clé de bras à personne lors de mon trajet à vélo. Une prouesse. Pour le reste, mon corps était présent mais ma tête battait la campagne. Le WOD s’annonçait en pilote automatique. Sauf que… le skill consistait à bosser un exercice bien particulier : la planche des pompiers. Tu sais, cette gourmandise qui consiste à tracter ton corps au moyen d’un muscle-up strict. Certes, ça aurait pu être pire : la tenue de feu nous était épargnée. Mais ce que ce béotien de tableau blanc ne disait pas, c’est que nous allions bosser la montée ET la descente. Parce que, non, ce n’est pas suffisant de poser ses glandes mammaires sur une planche. Non, il faut se jucher sur le bordel – sachant que la planche n’est pas fixée à 1m30 du sol, évidemment -, se clipser les paluches sur le bord de la planche, tel un Playmobil de l’enfer et s’enrouler autour de la planche pour se laisser à une galipette avant.

Oui, je sais, Michel. Moi aussi je trouve ça trop haut.

Mais à quel moment quelqu’un a cru que je voulais mettre fin à mes jours, vêtue d’un legging en polyester? A la base, je fais partie du front de résistance contre la roulade – tout forme de roulade, avant, arrière, avec des morceaux de pistache. Quand on y réfléchit, qui s’est lancé en premier dans ce projet hasardeux, consistant à s’enrouler sur soi-même et de rapprocher la distance réglementaire entre son nez et son anus? Et, de surcroit, de faire ça en hauteur? Parce que oui, en plus, j’ai le vertige.

En temps normal, j’aurais juste hurlé comme un masculiniste qui va bientôt mourir à cause d’un rhume. Ce jour là, je ne voulais rien entendre. Il était même hors de question que j’essaye. Pourtant ma coach (aka Super Chacha) ne m’a pas vraiment laissé le choix. Là, j’ai eu les larmes aux yeux. Ce n’était pas le jour. Pas le jour de sortir de ma zone de confort, pas le jour de me challenger, pas le jour de me confronter à une source d’angoisse supplémentaire, …Ni physiquement, ni mentalement, je ne me sentais prête. J’étais ailleurs, je voulais juste qu’on me laisse tranquille, qu’on m’oublie et passer à autre chose.

Sauf que je n’ai pas pu faire autrement (bon, pas vraiment. C’est une box de CrossFit®, pas un camp de travail en Russie. Ma coach n’a pas menacé de me brancher des parties molles sur une batterie de voiture). J’ai hurlé comme un cerf en période de reproduction – j’ai beuglé des insultes et des sons inarticulés. Mais je l’ai fait et j’étais fière de moi. Clairement, sans le soutien de la coach et des potes, j’aurais abandonné. C’est là que tu te rends compte de la force de notre sport : sa communauté.

L’autre aspect intéressant? A la fin de ce WOD, j’étais toujours préoccupée, un brin à côté de mes pompes et anxieuse. Mais, même si je n’ai pas vraiment réussi à laisser mes ennuis à la porte de la box, ils sont passés au second plan, l’espace d’une heure. Sans parler des endorphines qui ont été sécrétées lors du WOD, permettant de booster le moral et de combattre l’anxiété.

Le mental, et l’humeur, jouent indéniablement un rôle sur nos performances. Mais, objectivement, pour nombre d’entres nous, le CrossFit® n’est qu’un loisir. Il y a forcément des jours géniaux et des jours merdiques. Partant de ce principe-là, autant voir chaque WOD comme une opportunité de prendre soin de soi, de se vider la tête et de repartir de la box dans un meilleur état d’esprit qu’on n’y est entré.

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