Lundi matin, je sors d’un coma induit par une pizza surgelée à la truffe (va fanculo le mois italien chez Picard…et toi aussi, le gluten, tant qu’on y est), j’enlève les petits cacas autour de mes yeux et là, telle une candidate de télé-réalité qui vient de retirer toutes ses extensions, c’est la prise de conscience : c’est la merde. Dans quelques heures, à moi la PLS, les steaks non sponso par Charal, les clavicules de Schtroumpf,…Car, à la différence de la semaine dernière, où durant le week-end, tout n’était qu’amour, paillettes et premiers muscle-ups, la fin de semaine avait été fort différente. Tel un remake du livre pédagogique sur la puberté offert par mes parents pour mes 10 ans, on voyait fleurir des clichés de bidoches, des orifices exotiques et des hectolitres d’hémoglobine. Putain, on est sur insta ou dans une pub pour une cup menstruelle? Ajoutez à l’équation, des gens qui dégueulent dans des seaux et qui se roulent par terre et j’avais l’impression de m’embarquer pour une consommation forcée d’ayahusca, chapeautée par un cinquantenaire bolivien qui tente de cacher sa calvitie en ramenant les trottoirs sur la route.

Bref, si la semaine dernière, j’ai vécu une petite crise d’ego (racontée ici), là c’était tout l’inverse. J’étais aussi sereine qu’avant un repas de famille chez un tonton un peu teubé qui ne jure que par la vinasse premier prix, les feuilletés aux pétoncles et BFM. J’ai bien tenté de mettre une tarte spatiale à mon réveil, de fracasser mon smartphone vieillissant à coup de NOBULL, d’asphyxier mon mari avec des genouillères sales, mais à 9 heures, le glas sonnait tandis que je franchissais les portes de la box. Je me suis rassurée comme je pouvais en me disant que la box était à 200 mètres d’une église consacrée à la Sainte Vierge et que, potentiellement, trainer mon corps sans vie jusque là pourrait constituer un after intéressant et permettre le salut de mon âme (quoique…compte tenu du nombre de conneries que je débite sur ce blog depuis quatre ans, je dois être blacklistée dans le carré VIP. Putain ! Je veux pas crever et être obligée de manger des feuilletés aux pétoncles pour l’éternité !!!).

Après une dernière tentative de jouer les caméléons sur une pile de dumbbells (il faut bien que ça serve à quelque chose de s’habiller en noir quand tu n’as pas fait l’école des ninjas de Naruto), j’ai vu la lumière. Non, je n’ai pas fait de crise d’épilepsie à force de tenter de sniffer mes BCAA vegan. J’ai juste réfléchi (ah oui, ça fonctionne parfois) au problème. Qu’est-ce qui me causait stupeur et tremblements, comme dirait la dame belge? Ces foutus chest-to-bar. Pourquoi? Peut-être parce que j’ai joué les feignasses sur les WODs précédents, en choississant de les scaler en pull-up. Pourquoi? Putain, pourquoi ? Oui, soudain le sens de ma vie devenait plus mystérieux…comme si j’avais besoin de ça.

Alors, oui, on peut toujours se trouver des excuses (de merde? ) : mon chien avait mangé mes maniques / j’ai un casting de mannequin main / je garde mes forces pour monter un spectacle de marionnettes…Bon, en vrai, ça faisait plusieurs fois que j’étais abonnée aux steaks et, lors des WODs avec C2B, j’avais juste l’impression de faire une bolo avec mes paluches. Donc, à part les bosser approximativement en skill, ça fait un moment que je n’avais pas affronté l’exercice de mon plein gré.
J’ai donc résolu le problème : j’ai demandé l’avis du coach. Bah oui, Martine, c’est aussi ça l’avantage de ne pas t’entraîner seule dans le garage de Papa, face aux calendriers Tondeuses et gros nichons offerts par le représentant de motoculteurs. Tu es dans une box, plus encadrée que La Joconde confrontée à un bus de touristes chinois. Certes, le coach doit s’occuper de TOUS les athlètes, et pas seulement de ta petite pomme (et ho, tu t’es prise pour Kim K, Martine?) mais il te voit t’entraîner régulièrement. Mieux, il te conseille, voit ton évolution, bref sait de quoi tu es capable.

Et souvent, il le sait mieux que toi. Parce que, oui, je ne sais pas si c’est à cause des effluves d’aisselles, des pets induits par des max deadlifts ou le manque d’oxygénation lors du kipping, mais il est difficile d’être tout à fait lucide concernant nos propres capacités. Le coach, lui, oui. En fait, c’est un peu son métier. Oui, un peu…Or, c’est à double tranchant. Il sait quand tu as craqué ton slip, que ton melon est tellement gros que tu risques à tout moment de partir dans la stratosphère ou quand, à l’inverse, tu fais un syndrome Calimero, souvent reconnaissable au refrain « gnagnagna j’en suis pas capable gnagnagna ».
Ni très motivée par la perspective de faire des jumping pull-up (et de mourir d’une embolie pulmonaire) ni par celle de tenter les C2B après plusieurs semaines de sevrage thérapeutique, j’ai remis le sort de mes mains…entre ses mains. Et le verdict est tombé.

Chest to bar. Quand il m’a dit ça, je pense l’avoir regardé comme si je comprenais soudain que c’était lui qui avait volé ma peluche marmotte qui faisait pouic pouic lors de ma sieste en 2e année de maternelle. Gné? Quoi? Comment? Pourquoi? Et là, comme lors du deuil de ta marmotte, tu passes par plusieurs phases, y compris la négociation : « et si je n’arrive plus à faire de Chest? » lui dis-je. « Ne t’inquiète pas, ça passera ». Euh…. J’étais un peu comme deux ronds de flan. Et c’est dire si je n’aime pas ça, le flan. Je n’ai pas voulu le contrarier, hein. Autant dire que j’espérais que les 33 thrusters allaient prendre 18 minutes, histoire de minimiser les dégâts. Sauf que j’aime bien les thrusters (personne n’a dit que j’étais saine d’esprit) et que ça a été vite. Trop vite. Mémère est montée sur sa petite box, telle une gogo danseuse du pauvre, et a entamé la maltraitance de glandes mammaires.

Un, deux, trois…Nom d’une Lolo Ferrari, ça passe et ça s’enchaîne pas trop mal ! Au bout d’un moment, je perds un peu de gainage et finis en mode « mon corps est du Ficello ». Là, le coach vient me le dire, histoire de rester efficace sur le mouvement. Au bout de quelques dizaines de reps, je fatigue et finis par les faire un par un. Deuxième passage devant les tribunes : « Clémence, fais-les par deux, tu peux y arriver ». Forcément, il a raison. Et forcément, il avait raison depuis le début puisque je fais la totalité du WOD en C2B. C’était une super surprise. Pas comme les machins pourris dans les Kinder. Le coach, lui, semble bien moins étonné que moi. Car en fait, ton coach a le Sharingan (big up au Shaker Show ) : il SAIT ! Pas besoin d’être un renard à sept queues (ce qui sorti du contexte d’un anime peut sembler difficile à placer dans une conversation pro. Du moins, ça dépend du secteur de compétences) pour attirer son attention.
Il connaît ses athlètes, sait les coacher et veut les voir progresser. Pas question de mettre la charrue avant les bœufs ou de nous faire relever des défis qui, dans un premier temps, flattent l’ego puis nous font nous casser la gueule (ou pire, nous blesser). Son but est de nous pousser…pour qu’on repousse nos limites, tout en restant réaliste et en prenant en compte nos capacités. Bref, plutôt que d’écouter les petites voix dans votre tête, écoutez votre coach 😉
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