Lundi matin, ça a recommencé. Non, pas les voix dans ma tête, ça c’est relativement permanent. Alors que j’étais aussi motivée qu’une accro au contouring avant une soirée Gold chez Sephora, le 19.4 a eu raison de moi.

Tel Arthur en quête du Graal, j’avais décidé de commencer la semaine par tenter de passer des muscle-ups. Ouais, comme ça. Comme certains se disent, « tiens ce soir, c’est raclette ». Bah moi c’était « tiens, ce matin c’est muscle-up ». Motivée par la chiée de vidéos de dépucelage de MU qui avait passablement inondé mon compte insta, j’ai mis une playlist de gang mexicain vénère et pris le bus au milieu des exhalaisons matinales d’aisselles et de tabac froid. Tandis que les pré-pubères autour de moi commençaient leur journée en fabriquant des pétards plus gros que des cônes de chantier, je me visualisais en train de faire un premier MU : gros kipping, coup de hanche, coup de boule. J’ai regardé suffisamment de fois Coup de tête pour me la jouer Patrick Dewaere, mais sans le stylisme à base de maillots de foot vintage en polyester.
Je suis arrivée à la box, fière comme si j’avais un bar tabac. Sauf que, meuf, va falloir revendre le Maryland, t’es pas prête pour ça.

Je perds donc un tiers de ma capacité pulmonaire sur ces foutus burpees et je tente les trois minutes de pause, entre la mort cérébrale, un début de contractions (le foetus en moins) et l’envie de sniffer tout le seau de magnésie.
Le temps de ravaler un peu de vomi, et c’était reparti. Lights, camera, action…

Kipping, coup de hanche, et puis non….Encore. Et encore. Et encore. Pendant 3 minutes 30. Impossible de renoncer. Telle une société de démarchage téléphonique, j’insistais et je remontais sur ma box (bah oui, je fais 1m12, ne l’oublions pas) pour relancer un kipping d’épagneul breton enragé. J’y étais presque. Oui, presque. Sauf que, comme dirait ma mère : « A côté n’est pas dans le trou ». Et là, telle Bernadette Soubirous, le goût pour les fichus en moins, j’ai eu une révélation : j’avais fait quoi pour bosser mes MU?

OK, depuis quelques mois, je heurte mon corps et mon psychisme une fois par semaine sur un cours de spécialité Gym. Et putain, heureusement que mes coachs ne sont pas accros aux permanentes et au Régé Color car rien que le son de ces trois lettres « G-Y-M » me transporte en 1998 lorsque ma prof d’EPS et son survet de l’enfer se prenait pour Nadia Comaneci, mais dans une interprétation où le dit humanoïde aurait vécu une sale ménopause et bouffé tous les rubans de GRS. Bref, forte de son amertume, la harpie adipeuse se faisait la voix sur les nuls qui voyaient dans la galipette une tentative avortée de s’autopratiquer une coloscopie. Pour résumer, la gym est moi, c’est un peu comme Tonya Harding et Nancy Kerrigan, le blush fuchsia en moins. Sauf que, grâce aux nombreux visionnages involontaires de C’est mon choix, j’ai compris que le dialogue, y’a que ça de vrai. Ca, et les coups de pelle. Je suis donc en conciliation avec la gym. J’envisage d’ailleurs prochainement l’achat d’un justaucorps pailleté pour mettre à l’épreuve les talents d’un panel d’esthéticiennes concernant l’épilation à la cire froide.

Hormis ces bonnes intentions, et une présence assidue causant les encouragements du conseil de classe, je ne me suis pas vraiment concentrée sur le MU. Bien sûr, nous avons abordé un large spectre de mouvements et ça m’a permis de m’améliorer sur pas mal de points. Mais vous pourrez avoir la meilleure programmation du monde, des coachs de l’espace, si vous ne bossez pas ce qui pose problème, il n’y aura pas de miracle. Et dans le genre « les voies du Seigneur sont impénétrables », il ne faut pas s’attendre à passer un MU si on ne sait pas faire de tractions strictes. Idem si vous tentez des cascades à la Chuck Norris un lendemain de cuite sur des simples, il y a fort à parier qu’il faudra bosser avant de passer des DU. Same player shoot again pour tous les mouvements lestés : si ça ne passe pas en poids de corps, n’ajoute pas (encore) de Tactec sur la wishlist Pinterest. Rome ne s’est pas faite en un jour. Et on a parfois tendance à l’oublier. On veut faire comme les copains, taper le WOD en Rx, passer des mouvements compliqués…Mais est-ce qu’on a assez bossé pour ça? Est-ce qu’on a la force, la technique ou la capacité pour y arriver? Est-ce bien réaliste ou s’agit-il de notre put**n d’ego ?

Le CrossFit® est ainsi fait : il existe de nombreuses variations des mouvements, adaptés à notre niveau. Et pour passer au next level, ça nécessite souvent plus que d’attraper des pièces en or et bouffer des champis. C’est un processus d’apprentissage permanent. Un comble quand on n’use plus ses fonds de culotte sur les bancs de l’école depuis plusieurs années ! On n’apprend pas une nouvelle langue sans aller en cours, faire des exercices et réviser. Pareil pour les HSPU, MU et compagnie… Donc on demande conseil à son coach et on fait ses devoirs. Alors, quel sera votre prochain objectif?
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