Un mois après le French, c’est l’occasion de faire un petit bilan de cette expérience extraordinaire. Après un week-end plus dingue qu’une Tea party avec un chapelier fou, j’ai pris la réalité en pleine tronche. Surtout quand j’ai tenté le combo magique « courses dans un centre commercial + COVID » (pas le même jour, hein). Là, ce n’était plus la réalité qui s’est encastrée dans mon corps au fitness de madeleine de Commercy, mais carrément un 33 tonnes.
Si certain.e.s attendent Noël avec impatience, moi mon truc, c’est le French. Ouais, je ne suis pas super fan du chapon. Au départ, ça a commencé sur un malentendu : je me suis faite plus ou moins embarquer en sortie scolaire avec ma box de l’époque. C’était en 2015 et c’était la première compétition de CrossFit® à laquelle j’assistais. A l’époque, c’était à l’INSEP et on gueulait sur les athlètes depuis le bord du terrain d’athlétisme en mode « Kévin, arrête ça tout de suite, tu vas flinguer ton jogging ».
Déjà, ça envoyait sec du pâté du côté du floor, avec la crème de la crème des athlètes français et, pas mal de compétiteurs européens qui, bien souvent, finissaient, quelques années plus tard, par s’envoler pour les Games®. Je suis donc rentrée de ma classe verte avec des étoiles plein les yeux et des prétentions saugrenues du genre « un jour, je me qualifierai au French » (voui, voui, voui, Martine. Ton enthousiasme est touchant).
Au fil des ans, j’ai allongé mes séjours, histoire de profiter de l’événement, et surtout, de voir les copains. Parce que, plus qu’une compétition, à mon sens, le French, c’est surtout le grand moment de la communauté française, le moment où ce concept prend tout son sens. Invariablement, tu finis le week-end avec une extinction de voix, des urines jaune fluo, des économies au point mort, 5 heures de sommeil cumulé et des étoiles plein les yeux.

Petit à petit, ça a aussi été l’occasion de faire un tour sur le floor, histoire de prendre quelques centaines de clichés et d’essayer, à mon petit niveau, de partager ces instants avec la communauté. Sauf que cette année, c’était un peu différent puisque j’ai eu la chance de vraiment passer de l’autre côté du miroir. L’idée? Vraiment faire partie du French, et pas seulement être là en mode spectatrice à la sauce April O’Neill. J’ai donc postulé en tant que bénévole mais aussi comme média.
Quand j’ai reçu le message de Myms m’annonçant que j’étais retenue pour prendre des photos, j’étais encore plus contente que lorsque j’ai reçu ma peluche de ALF pour mes deux ans. Même si, je dois bien te l’avouer, rapidement, le spectre de la trouille est venu planer au-dessus de ma tête. Parce que c’est marrant de se la jouer Doisneau de la dumbbell quand c’est pour les copains, mais quand tu le fais pour une compétition telle que le French, tu fais une légère baisse de tension.

Entre deux shots de CBD, je me suis donc lancée dans un nouveau défi : amasser le plus de trucs inutiles dans ma valise, histoire de penser à autre chose, et multiplier les livraisons Amazon des batteries de secours pour mon appareil photo. J’ai ensuite fait et défait mes bagages à raison de 8 fois par jour pendant 3 jours, pour m’assurer que je n’avais rien oublié. Et surtout pas les choses dont je ne me servirai probablement pas. Oui, je suis un traitement.
Et dès le jeudi, direction Saint Quentin en Yvelines, histoire de prendre ses marques et, surtout, d’assister au brief de l’équipe media. Dès l’entrée sur le site, j’avais un peu l’impression d’être de retour à la maison. Un retour qui, après 2 ans d’interruption pour cause de pangolin en furie, prenait une saveur toute particulière. Et – pardonne-moi petit Jésus pour ma grossièreté – mais putain, ça fait du bien. Commençait alors la petite chorégraphie du French : s’arrêter tous les deux mètres pour retrouver les ami.e.s et papoter comme des collégiennes accro aux bracelets brésiliens et à Billy Crawford (pardon si tu n’as pas la ref, je suis master).
Après avoir récupéré le pack media – parce que oui, en tant que media, tu reçois notamment à l’un des Graals du FTD : le patch officiel réservé aux athlètes et bénévoles – la classe à Dallas, ma petite Sue Ellen – et eu le droit à la visite des coulisses et autres raccourcis permettant de s’économiser quelques pas avec Myms, c’était l’heure de dégainer le kodak jetable pour commencer à canarder le brief des bénévoles. Ensuite, c’était l’heure de celui de la team média : l’occasion de connaître le programme du week-end et de rencontrer les autres membres de l’équipe. Parce que, si ça roule si bien le French, c’est parce que c’est encore mieux organisé qu’un départ à Argelès avec une famille nombreuse. Par contre, je n’ai juste pas trouvé où étaient planqués les figolu et le super Picsou géant.
Côté orga, donc, nous étions répartis entre les différents espaces, généralement à deux, et on changeait d’endroit au fil de la journée, et du week-end. J’ai ainsi eu le plaisir de découvrir que j’étais, non seulement, sur les floors, mais aussi sur des événements tels que les rencontres affiliées partenaires, ou le talk de Daniel Chaffey concernant la prospection et l’aspect commercial du métier d’owner. Et sans trop spoiler, je peux te dire que j’ai ouvert grand mes esgourdes. Parce que même si je suis owner d’absolument rien (si ce n’est ma soupe, quand je l’ai dans le ventre, comme dirait Colette), c’était juste fascinant de découvrir comment une box peut mettre en place quantité d’outils pour attirer et fidéliser ses athlètes.

Avant de commencer les hostilités, je me suis joint à une partie des autres bénévoles (big up, les Canardières) pour tenter de faire exploser la cuisine d’un resto japonais qui ne s’attendait pas à recevoir une cargaison de bestiaux affamés et habitués à des apports protéiques non négligeables. C’en est suivi un slalom entre les lapins sauvages de la base de loisirs, sans aucun rapport avec une consommation déraisonnable de houblon. Surtout qu’il fallait être sous les sunlights des Yvelines de bon matin, afin de saisir les plus belles grimaces sur l’event d’Echo Sprint. En ce qui me concerne, l’épreuve a constitué un préchauffage des plus sympathiques : entre l’echo bike et les shoulder to overheads, pas de risque de tenter la collision frontale avec un.e athlète. Parce que, au delà d’être en mode « light/camera/action », ma plus grande hantise reste de me tamponner quelqu’un et, in fine, de gêner un compétiteur ou une compétitrice. Rapidement, tu te dis qu’une paire d’yeux supplémentaires, ou des rétroviseurs, ça ne serait pas du luxe. A méditer pour l’année prochaine. Si tu as des yeux dont tu ne te sers pas, fais moi signe. La couleur importe peu. Merci.



Etre sur le floor, c’est assez grisant. Tu sens toute la tension des athlètes, juste avant que le wod ne commence, la façon avec laquelle ils sont concentrés sur ce qui arrive. A la fin de l’event, tu vois les visages qui se détendent, tu lis la fatigue, la déception ou le soulagement sur leurs traits. Sur les floors extérieurs, tu vois aussi le public et combien les spectateurs portent les athlètes, voire vivent l’event au point de tenter une explosion de cordes vocales. A l’intérieur, c’est un peu différent. Le public est plus éloigné et sous les lumières du vélodrome, tu es dans une sorte de bulle. Mais une grande bulle alors. Parce que la petite foulée est ton amie. Tu n’as pas intérêt à t’endormir sur le déclencheur : il faut prendre en photo le plus d’athlètes possible – pour ne pas dire tous, en fait !



Parmi les commandements du photographe de compétition, j’en ai découvert un autre : choisir ton moment à la salle média, tu dois. En effet, tu dois retourner régulièrement sur ton ordi afin de permettre aux personnes en charge des réseaux sociaux de poster les clichés les plus récents possible, notamment, ceux immortalisant les vainqueurs sur une catégorie. Sauf que si tu quittes le floor trop tôt ou trop longtemps, tu risques de manquer un moment important. C’est un peu la roulette russe, cette affaire.

Un autre aspect vraiment cool, c’est le fait de pouvoir jouer les petites souris (aucun rapport avec des surmulots ou avec une épilation approximative). Lorsque tu fais partie de la team media, tu peux aller absolument partout. Et surtout dans des endroits auxquels tu n’as pas accès en tant que spectateur. L’un de mes plaisirs, c’était donc d’essayer de me faire oublier, notamment lors des rencontres avec les owners, de la vente aux enchères ou même sur la zone de warm up, et de saisir des moments marrants ou inattendus. C’est donc comme ça que tu assistes donc à un strip-tease, à une dégustation de crêpe Brennos un peu hasardeuse, que tu découvres la teneur du petit dej d’Elie en régie media, que ta photo sert à arbitrer qui de deux athlètes elite est le plus grand, à quelques minutes de leur finale.



Tous ces moments, c’est l’occasion de découvrir l’autre French, celui de l’ombre. C’est le French des athlètes, de l’orga, des bénévoles. C’est le French qui précède et suit les journées de compétition, pendant que tout le monde est écroulé sur la pelouse à boire une bière et partager un barbecue. C’est le French où l’entraide règne, c’est le French où quelle que soit ta faction (Build/Care/Judge/Media…), tu te préoccupes des copains. C’est le French durant lequel tu comprends que la communauté est encore plus grande que ce que tu pensais. Bref, tu l’auras compris, c’était une claque monumentale. Merci à toutes celles et ceux qui ont fait de ce French un moment unique.
