Evénement

« Foufounette en avant » : un séminaire de gym avec Mélody Andreani

« Aurait-elle laissé sa carafe au soleil? », te demandes-tu en lisant le titre de cet article. En effet, j’ai profité de quelques rayonnements de boule de feu pour refaire mes stocks de vitamine D et finir de vieux tubes de biafine. Mais là n’est pas la question. Parce que, en fait, cette phrase, qui aurait le mérite d’interpeller sur une affiche électorale, n’est même pas de mon cru. C’est ce que l’entraîneur de gym de Mélody Andreani disait à ses élèves pour qu’elles se rappellent de la bonne posture sur le handstand. Oui, ça pose question. Mais souviens-toi que dans les années 1990, nos parents nous laissaient dormir sur des chaises pliantes, la tête contre les enceintes, pendant que tout le monde se prenait une biture au Get 27 avant d’embarquer sa smala dans la R25.

Bref, tu l’as compris, Mélody Andreani a tâté du justaucorps à paillettes. Gymnaste de haut niveau, elle s’est entraînée jusqu’à 24 heures par semaine. Autant dire que faire un stage de gym avec elle, c’est un peu comme réviser ton bac de Grec ancien avec Platon. Voilà qui est heureux car, la gym et moi, on n’a jamais été très copines. Certainement la faute à mon cul trop lourd et à une vieille rancœur contre ma prof d’EPS de 5e. Je sais, je t’en ai déjà parlé. Mais que veux-tu, on ne se défait pas facilement de ses traumatismes d’enfance, surtout quand ils portent un jogging lilas en matière brillante.

Dieu merci, Mélody a sens de la mode qui évite tout éclatement de la cornée et surtout, un sens de la pédagogie développé par de longues heures d’application de gommettes – eh oui, elle est institutrice. Ce qui veut dire que même si tu assistes à l’un de ses stages un samedi à 9 heures du matin et que tu as encore quelques petits cacas collés aux coins des yeux, tu devrais comprendre malgré tout! D’autant qu’elle ne se contente pas de te dire quoi faire, elle te montre et ajuste ta posture ou ton mouvement, si besoin (et généralement, il y a besoin!)

Concrètement, comment ça se déroule? Pour nous, cela a commencé par un petit crazy run, avant de se la jouer « C’est l’histoire de la viiiiiiiieeeeeeee ». Ce qui n’a pas nécessité de soulever des chatons au-dessus de nos têtes, mais de jouer les girafes, puis les éléphants avec les chakras alignés, avant de devenir des éléphants vénères en période de reproduction. Tout ça, sans s’injecter aucune substance psychotrope.

Après la marche des animaux, nous avons passé un bon moment à travailler autour du hollow et du arch. Deux mouvements qui, en plus de hanter les tabatas, sont essentiels en gym. Certes, je ne t’apprends certainement rien. Mais c’est là que tu t’aperçois que tu as peut-être pris de mauvaises habitudes (rien à voir avec ta conso compulsive de Toblerone devant Netflix. Même si, ça aussi, c’est moche).

En ce qui me concerne, j’ai un hollow de feignasse. Je tends les bras en avant comme si je tentais d’imiter Ian Thorpe. Moralité, je force sur les épaules plutôt que d’enrouler le haut du dos et de solliciter un maximum de muscles. Pauvre de moi. Mais c’est en forgeant qu’on peut mériter son justaucorps à paillettes (ou justifier un éventuel craquage chez NoBull).

Par terre ou à la barre, nous avons donc repris depuis le début en décomposant ces deux mouvements, puis en les combinant, notamment sur du kipping. Parce que, là encore, si ton kipping tient plus de l’exorcisme que d’un joli balancier, ce n’est pas comme ça que tu vas gagner le McFlurry Throwdown. Sache que Mélody a des armes, et sait les utiliser. La plus redoutable? L’AbMat. Range ton protège-dents, elle ne l’utilise pas comme un frisbee en direction de ton doux visage. Par contre, elle n’hésite pas à te le caler entre les pieds quand, comme moi, tu entreprends de réviser la géométrie avec tes jambes sur ton arch. Ce n’est pas de ma faute si je trouve le théorème de Pythagore sous-utilisé au quotidien.

Une fois que tu kippes mieux qu’un saumon sauvage, c’est l’heure de passer aux pull-ups et autres toes to bar. Là, tu intègres un nouveau mouvement : le press. C’est lui qui te permet de passer en mode patate maximum et de monter suffisamment haut pour tirer et faire un pull up ou lancer tes jambes et toucher la barre avec les orteils. Lors du stage, Mélody nous fait alterner entre barre haute et barre basse. Comprendre, les barres à la hauteur habituelle et des barres d’haltéro, placées sur les racks permettant de travailler différemment (en s’aidant notamment des pieds afin de mieux comprendre la mécanique du mouvement).

Et comme le travail s’effectue en petit groupe, là encore, tu repars avec ton lot de conseils. Tu vis alors quelques révélations qui n’ont rien à envier à un dimanche à Lourdes, en découvrant par exemple que les toes to bar jambes tendues c’est marrant, mais c’est lent (et ça éclate la brioche sangle abdominale).

C’est ensuite le temps de t’envoler. D’abord, tel un merveilleux papillon qui ne voudrait pas mourir contre un pare-brise. Avec un élastique et un PVC, tu commences par décomposer le mouvement du butterfly. Quelques minutes, histoire de te dire que l’affaire semble déjà complexe sur le plancher des vaches.


Tu n’as pas eu le temps de dire « Cindy Sanders » que tu te juches sur la box telle une poule sur un tas de fumier. Les deux pieds sur la boîte puis un pied dans le vide, tu bosses le mouvement. Si le cœur t’en dit, tu peux ranger le marche-pied dans le cellier et jouer des épaules de tout ton saoul, sans aucune retenue – sauf peut-être celle liée à ton absence de coordination.

Pour les muscle up, le principe est le même que précédemment : combo barre haute/barre basse. Par ailleurs, le boulot n’est pas uniquement destiné aux athlètes sur verrins hydrauliques. Les exercices sont adaptés à tous, même si tu ne passes pas les MU. Le boulot est autour de la mécanique. Si tu tutoies les sommets, tu as également droit à ton contrôle technique afin de faire évoluer le Pokemon.

La dernière partie du séminaire a donc été consacré à une session de « foufounette en avant » aka le travail du handstand. Et en free, s’il vous plaît. Parce que la dame causait de handstand walk plutôt que des HSPU. Sauf que avant de marcher, il faut savoir…tenir. Nous avons donc appréhendé le fait de mettre notre poids au-dessus des épaules en mode « garage à vélo », avant de bosser en binôme.

Avec un départ les pieds sur une box, l’idée était de serrer le poing du poto entre les pieds, histoire de lui exploser les phalanges. Ensuite, avec un départ en fente, tu finissais la tête à l’envers, à te la jouer Tour de la terreur.

Le principe? Etre plus gainé que la culotte d’une Kardashian pendant que ta/ton pote tentait de trouver ton point d’équilibre. Une fois trouvé, tu peux appréhender le moment où tu le dépasses, et là, tu peux commencer à marchouiller sur les mains.

Un bien grand mot, mais une compétence que tu peux toucher du doigt grâce à des ateliers ludiques et malins – dont un durant lequel ton binôme, en marche de l’éléphant, joue les roulettes humaines. Il faut le voir pour le croire. Je te laisse sur cet intense moment de visualisation.

Aspirant roulette ou pas, le stage est un concentré de savoir et de recettes à appliquer à l’envi. Trois heures, c’est à la fois long et court. Long car, clairement, tu as le chapeau en feu. Tu ne sais plus trop où donner de la tête : il y a de nombreuses astuces à retenir. C’est aussi court car, compte tenu de l’exigence inhérente à la gym, c’est une intro à ce que tu dois bosser – pas une mise à jour rapide pour passer un MU. Eh oui, la balle est dans ton camp, Martine ! Mélody te transmet les clés du chateau mais la baraque ne va pas s’entretenir toute seule…

Si tu as l’occasion d’assister à un des stages de Mélody, fonce. Tu vas forcément en apprendre beaucoup, mais aussi te marrer comme une baleine. Même si, en soi, je n’ai jamais trop compris pourquoi ces animaux avaient un sens de l’humour plus développé que les autres bestioles. Bref, cétacé toutes ces digressions. Tout ça pour dire que ce stage, c’est du sérieux sans se prendre au sérieux.

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