Voilà un article qui commence par une prise de conscience grave. Enfin…pas grave « grave », comme quand tu t’aperçois que tu fricotes avec une nana qui a des dragons et qui, en fait, est ta tata. Non, beaucoup moins grave et consanguine que ça. Mais quand même : mon dernier article consacré à un drop-in remonte à mars 2020.
Depuis, il y a eu plusieurs ruées sur le papier toilette et les pâtes – sans aucun rapport avec des problèmes intestinaux, des pangolins rôtis, des chauve-souris à la carbonara, des hématomes sur les nichons causés par des dizaines de burpees effectués sur le plancher du séjour, beaucoup trop de visionnage de Netflix, un enrichissement soudain des fabricants de plexiglas, des collections automne-hiver et printemps-été de masques chirurgicaux,… Bref, du jamais vu à cause d’une pandémie plus mystérieuse qu’un épisode de Scooby-Doo.
Quoi qu’il en soit, pour notre bonheur à tous – et celui de nos psychiatres – les boxs ont rouvert et les drop-in sont à nouveau possibles. Une aubaine alors que j’étais de passage à Paris pour honorer différents rendez-vous professionnels tout en hantant les rues autour de la place de la Bastille afin de refaire mes stocks de plaquettes de chocolat bien trop snobs mais bien trop excellentes. Clairement, j’ai passé l’essentiel de mon séjour à arpenter les couloirs du métro, à la manière d’un Christophe Lambert dans Subway, sans le goût douteux pour l’abus de Vivelle Dop ni pour les imperméables d’exhibitionniste.
Telle un personnage mi-femme mi-taupe, j’ai utilisé mon museau pour me guider vers les effluves de magnésie et de Fitaid, à quelques pas de la gare Saint Lazare. Et comme je ne fais rien simplement, j’ai effectué mon drop-in sur le chemin du retour. Je suis donc arrivée à la box, le corps sanglé de sacs en tout genre, digne héritière de « Zézette épouse X », mais quand même sans bourriche d’huîtres.
Encore un brin intoxiquée des odeurs de frites nées de l’armada de kebaps autour de la gare, je suis arrivée à la box, accueillie par une jolie petite ardoise. Malheureusement, pas de matcha frappé au programme, ou de brookies sur cette surface aux airs de menus. Ce que j’allais déguster, c’était un For Time avec 60 cleans et 200 DU. Simple, efficace, rapide. Du moins, c’est comme ça que j’envisageais cet entraînement. Sauf que toi même tu sais que, parfois, les WODs qui paraissent un brin élémentaires ont une désagréable tendance à te fracturer le mental.
Bah – spoiler alert – ça n’a pas manqué ! Mais avant de t’expliquer comme mon âme s’est cristallisée avant de se fracturer et partiellement se vaporiser dans la stratosphère, je dois déjà te préciser que j’ai été particulièrement bien accueillie (coucou Jenn et co !). Un peu comme si je venais régulièrement, et que je n’étais pas plus chargée qu’un apprenti sherpa dans les montagnes du Népal.

Avant que le WOD commence, j’ai donc eu le temps de me délester de mes bagages, de remplir un questionnaire de santé (physique, pas mentale, heureusement), de préparer ma corde à sauter et de tenter de me coiffer – jusqu’à ce que mes cheveux décident que, finalement, s’agglomérer en mono-dreadlock était la véritable solution pour bénéficier d’une véritable liberté capillaire lors des 200 DU. Je pense que ma tignasse a tenté la grève sans préavis. Halte à la touffe syndicaliste.
A 13h15, sans aucune aide de Félindra, les portes se sont ouvertes sur les furieux du cours précédent. A notre tour de collecter un max de Boyards de se dézinguer le cardio. A l’intérieur, ce n’est pas Olivier Mine qui m’attend mais une autre tête connue. Aux manettes du WOD, Myriam aussi connue sous le nom de coach Myms. Si tu fais du CrossFit® depuis plus d’une semaine, tu la connais forcément puisqu’elle a notamment assuré les commentaires des Games les années passées aux côtés d’Elie Margerin ainsi que ceux du French Throwdown.

Avec Lau’, les deux coachs donnent du rythme – littéralement- dès le début. Et tandis qu’une grosse enceinte probablement piquée à une rave clandestine sur la petite ceinture crache de la techno, tout le monde commence à sautiller comme un Marsupilami sous crystal (meth, pas Roederer) avec des déclinaisons de jumping jacks. Putain, Jean-Michel, j’espère que tu n’as pas oublié de déclarer sur ton questionnaire que tu as un souffle au cœur…
Et tandis que ma respiration reprend le même rythme asynchrone que lors de ma dernière participation à l’enduro des collèges, on passe à une alternance entre technique de clean et pratique de la corde à sauter. Même pas besoin de chercher le matos dans la salle puisque chacun dispose d’une zone de travail, déjà équipée d’une barre et de stop-barres. Royal.
On bosse pas mal à vide, histoire de se concentrer sur le placement et, plus généralement, la technique. Quant à la corde à sauter, c’est le temps d’une prise de conscience : je n’arrive plus à enchaîner un simple et un double. Peut-être mon seul point commun avec Rich Froning. On se console comme on peut. Ou on met ça sur le compte du pain au chocolat boulotté au buffet de l’hôtel. J’hésite encore.
On monte en charge sur le clean avant de partir pour le WOD. Et même si j’ai mis moins que prévu, putain, je transpire des tibias. Ce qui, clairement, est très mauvais signe pour mes organes. Arrêtez tout, je suis trop jeune pour mourir, putain. Question poids, je suis dans les clous : arrivée à 8 cleans, je commence à me demander ce que je fais là. Ce qui correspond plus ou moins aux consignes de Myriam. Sauf qu’elle n’a pas trop parlé des 52 autres reps. Ou alors j’ai subi une absence passagère à ce moment-là. Parce que, clairement, j’enchaîne les cleans par 5 ou 6. Le décompte ne semble pas avancer. Soudain, je m’interroge sur la vie, la mort, la vie après la mort, l’origine de la dénomination « chocolatine », qui a inventé les pinces à linge, comment a-t-on décidé du nombre de trous sur une ceinture, le nombre d’homonymes dans la langue française, ce qu’est devenu Tatayet après la retraite de son papa / tortionnaire de l’anus, … Tandis que je perçois une lumière blanche -surement une ampoule à LED – je passe aux DU. Mes bras sont à l’état de fers à béton. Je suis ravie de savoir que mon avenir dans le BTP est assuré.

Autour de moi, mes copains d’infortune jettent leurs cordes en mode catapulte et leurs corps sur le sol en mode cacapulte. Manifestement, on a tous pris cher. Lau prend la précaution de noter nos scores au tableau, sans quoi le résultat aurait probablement été indéchiffrable même par Champollion. Nous recommençons ensuite un processus visant à reprendre forme humaine grâce à quelques minutes d’automassage.

Après avoir bégayé en thaïlandais (copyright Benjamin) pendant encore quelques minutes et tenté de ressembler à une personne sur la photo souvenir, direction les douches, au sous-sol, pour tester la flexibilité de mes articulations lors d’une élimination d’odeurs à coups de gel douche monoï de chez Yves, le Rocher. D’ailleurs, sache que dans les profondeurs telluriques de l’endroit, tu as un second espace pour woder avec les copains.

Après avoir acquitté ma dette à la société – d’un montant de 30 € – je repars avec mes sacs plein de serviettes trempées et de fringues bouchonnées, déjà pleine d’entrain concernant mon prochain drop-in dans les lieux.
Vas-y ! De l’accueil au coaching, tu ne seras pas déçu : il y a plein de gens biens qui t’auront à l’œil et t’encourageront à reprendre ta corde quand tu tenteras de respirer entre deux DU.
CrossFit® Louvre 3, 24 rue de Londres, Paris 9

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