Oh Castro ! A cause de toi, on doit refaire les carreaux ! (sérénade à imaginer sur une gratte sèche et dans une tonalité très aigüe en mode Luis Mariano). Oui, je sais, ça fait la deuxième fois que je vous parle de Luis Mariano. Certainement le signe que ma vie sociale est juste totalement anéantie, au point de regretter ces dimanches d’hiver où mes parents me trainaient dans les thés dansants de campagne. Oui, je suis une femme de multiples talents, capable de danser le paso-doble (du moins en théorie) tout en réussissant à ne pas m’étouffer avec ma troisième part de brioche, constituée à 77% de polystyrène. Ahlala, ce n’était pas facile tous les jours de passer son aprem à se faire pincer les joues par des personnes aux cheveux bleus (si on sort la phrase de son contexte, j’avoue qu’on ne sait plus trop s’il s’agit d’un thé dansant ou de Coachella).

Donc voilà spoiler alert : j’ai dégueulassé mes vitres sur le dernier WOD de l’Open. Et si tu veux savoir comment, il faudra lire l’article jusqu’au bout ! Han, teasing de fou – t’apprends pas ça en école de commerce, Muriel ! Et moi, je n’ai pas de prêt étudiant. Paf.
Merde, je m’égare encore. Décidément, la conso de Chamonix entre 2 et 8 ans a vraiment flingué mes neurones. Putain, c’est encore foutu pour les qualifs de Questions pour un Champion.
Tout ça pour dire que, comme environ 78% de la population CrossFit® française (chiffres IPSOS), j’ai regardé l’annonce du 20.3. Normal puisque Dave avait eu l’idée brillante de programmer la troisième annonce des Hunger Games à l’heure de l’apéro. Bon, comme je suis une fille sérieuse, j’ai rincé mon gosier avec mon habituel hectolitre de Cristalline pétillante. Oui, je sais, c’est triste. Mais mon corps est un temple. Un vieux temple gréco-romain, en ruines et aux confins de la Turquie, mais un temple quand même. On a donc eu le droit à un Triple Three à la sauce Panchik – on se détend les ersatz de Madame Claude – je ne parle pas de triolisme, mais seulement de la présence de Scott Panchik et ses frangins – en mode La Guerre des Clones. Donc on a bien vu que Papy faisait de la résistance tandis que les frangins pouvaient le regarder passer en mangeant des roudoudous. Comment ça, je schématise? Oui, peut-être un peu.

Bref, c’était bien chouette. Surtout de voir ces trois blondinets éclater des barres de l’espace en mode « qui? moi? Ah oui ! » mais aussi de regarder la version Sam Briggs VS EZ Muhammad. Ca m’a rappelé quand j’étais jeune et innocente et que je prenais encore l’avion pour aller acheter des débardeurs floqués au nom de Camille Leblanc-Bazinet. Ajoutons que ça m’a aussi évité les nouvelles passablement anxiogènes, hein. Moi, je veux de l’amour, du spandex et de la magnésie, bordel. Et pendant que je regardais YouTube, le barbu m’envoyait des SMS rageurs (il bossait, le garçon) en me disant, en gros, qu’il ne pourrait jamais faire le WOD dans l’appart. OK, il n’avait pas tout à fait tord. Disons que le shoulder tap en free handstand, dans le salon, ça s’avère plus risqué que de mettre une nappe blanche quand tu reçois tes beaux-parents (ouais, vraiment VRAIMENT risqué).
Il envisageait même de ne pas dormir pour passer le karcher dans la cour de l’immeuble, aidé d’une lampe frontale et d’une pelle pliante (pour aider à rendormir ceux qui protesteraient) afin de faire un max haltéro dehors. OK, on a deux paires de poids. Mais j’avais encore deux ou trois bouteilles d’eau de 5L, ça pouvait peut-être le faire avec du scotch de déménagement, non?
Aidé d’une bonne nuit de sommeil, il a finalement décidé de jouer les déménageurs bretons et de tenter le WOD en intérieur. Rien de vraiment nouveau puisque chaque WOD à deux nécessite de pousser la table et les chaises de la salle à manger au fond de la pièce, puis de mettre des tapis qui roulent et glissent, d’enlever ceux qui roulent et glissent dans l’entrée, d’éviter de s’encastrer la tronche dans le lustre. Et merde, on a oublié de sortir les shakers, qui sont dans le meuble qui est bloqué par la table et les chaises. Le quotidien, quoi.

Et tandis qu’il s’échauffe en poussant de longs cris monocordes, le barbu m’annonce dans un hululement qu’il ne sait pas où faire les HSPU mais que « de toute manière, c’est hors de question de se prendre les couilles dans la clanche de la porte d’entrée ». N’étant pas dotée de ce genre d’attributs un peu inertes, je ne peux qu’acquiescer. Sauf qu’à part le mur de briquettes, je ne vois pas d’autre solution. Il risque donc de nous faire des HSPU en mode « Je sors en talons mais putaaaaaain, je dois marcher sur des pavés ».
En ce qui me concerne, je m’adapte au bonhomme. Donc je lui laisse occuper tout l’espace dont il a besoin pour s’exprimer corporellement. Seul exigence : me laisser un peu de place pour que je fasse le 21.3 avec quelques poids. Parce que les air squats, bah j’ai pas envie. Je veux transpirer un peu du SIF et puis, on s’en fout car je suis là par solidarité pour le barbu. J’opte donc une version vaguement bâtarde avec des DB. Oui, je sais, ça ne ressemble à rien mais autant vivre ses rêves.

Premier tour, les T2B se transforment donc en « je suis Gérard Majax et je loge dans un bagage à main » (bah t’es bien avancé maintenant qu’il n’y a presque plus d’avions). Le barbu joue ensuite un revival des jeunes années de nombreuses années de torture subies par les jeunes filles de la région que les mères obligeaient à s’engoncer dans des collants couleur chair pour faire partie des Mouettes de Fécamp. Pas facile la vie de majorette. Surtout quand ta mère recycle le landau de ta sœur en remorque à confettis et que la dite sœur chie dans le caniveau.
Une minute de pause. Même pas le temps de se griller une Gauloise. C’est reparti pour les air squats, sur fond de grognements bestiaux. L’homme extériorise, manifestement. Ensuite, on partage un morceau de box pour faire des dips, en évitant de faire glisser le matos dans un sens ou dans un autre et tenter le placage sur coinjoint(e). Puis hop, retour du bâton de majorette PVC. Arrivé aux HSPU, je ne comprends pas trop le projet. Je le vois le cul tourné vers l’astre solaire. Alors qu’on avait AUSSI déménagé la table du salon pour qu’il puisse se racler l’épiderme sur le mur en briques. La personne proteste. Manifestement, je ne sais pas si cette option lui donne un ticket d’entrée pour le Temple Solaire, mais il scale, le garçon. Enfin, il y a scaler et scaler. Et donc je l’engueule un peu parce qu’il fait ses HSPU sur box bien trop loin de la box à mon goût. On a un peu l’impression qu’il renifle le parquet. Ca va pas doutou, mon chéééééériiiiiiiii.
Arrivé sur le 20.4, il tente de sortir la tête fémorale du reste de son corps en commençant les pistols. La vache, il est drôlement souple mais je souffre rien qu’en le regardant. Et tandis qu’il se place devant le mur pour partir en poirier, je vois qu’il est cuit comme une petite salade de poireaux. Et le tapis Zara n’amortit rien, qu’on se le dise. L’animal est en position réglementaire. Donc je décide de l’imiter mais contre la vitre. Bah quoi? Oh, c’est du double vitrage. On a payé assez cher pour ces merdes. Je n’ai pas intérêt à finir le cul dans les jardinières. Pas très loin, j’entends des cris. Je ne vois pas de sang sur le plancher donc je ne m’inquiète pas outre mesure. Et là, oui, j’anticipe ton interrogation. En effet, les shoulder taps n’étaient pas en free. Certes. Certes. Mais si le barbu reste bien quelques secondes en handstand sans mur, notre complémentaire dentaire n’est pas suffisamment efficace pour qu’il tente de décoller ses phalanges du parquet flottant en mode « rien à foutre, j’ai jamais réussi mais je tente! » N’empêche que dans tous les cas, l’édition 2021 de l’Open lui aura mis la tête à l’envers.