Mes chers amis, chaussons nos pantoufles et nos binocles à triple foyer afin de s’offrir une petite parenthèse littéraire. Il est certes fort incommodant de transpirer du sillon interfessier mais il est encore déplorable de ne pas activer son réseau neuronal faute de lecture. Veuillez lâcher cette zappette de l’enfer immédiatement. Ce n’est pas parce que vous désespérez de revoir Muriel se transformer en caniche épileptique au bout de 30 burpees que vous devez noyer votre chagrin dans le porto, ou Les Marseillais à Brie Comte Robert. D’ailleurs, qui sont ces gens? Sont-ils vraiment des gens? Ou s’agit-il d’une race d’envahisseurs particulièrement friandes d’imprimés uniquement portés dans les cercles infernaux d’hémétophiles au dernier degré? Remarque, si tu fais une petite galette sur leur combo short et chemise en polyester, il y a fort à parier que ça passera aussi inaperçu qu’une vague d’hirsutisme dans une rétrospective Frida Kahlo.
Revenons donc à notre ouvrage, chers amis de la lecture et du perfectionnement de vitrine (Laisse moi zoom zoom zang avec du bench, bench, bench, comme disait l’ami Didier. Ou peut-être pas…), bienvenue dans La Grande Librairie, édition magnésie. Parce que lire, ça permet de parfaire sa culture. Et pas qu’en termes de CrossFit®. Ca permet aussi de t’occuper quand tu poses ta petite pêche post-whey, le tout sans finir de brader ton âme à Google. Et oui, le papier, c’est magique (phrase qui a de multiples connotations dans un environnement de type water-closet).
Techniquement, tu peux aussi t’adonner à ce plaisir solitaire – la lecture – dans un bon fauteuil. C’est toujours plus glam que la trace de rond de chiotte qui dépasse du short FLEO. Bref, dans la PAL (Pile à Lire pour les intimes), il y avait donc depuis quelques semaines l’ouvrage de Ben Bergeron. Alors, Mesdames et Messieurs, pour celles et ceux qui auraient abandonné toute sorte de culture CrossFit® au profit de la culture hydroponique de rutabagas, sachez que Ben Bergeron, c’est un peu au CrossFit® ce que Nikos Aliagas est à TF1 : il est un peu partout. Sauf que, à la différence de Nikos, l’homme ne s’exprime pas uniquement à base d’interjections. Benji – oui, on se connaît depuis la maternelle, dans la classe de madame Coustham, est coach pour les athlètes de CrossFit® depuis 2009. Et pas des figurants. Genre Mat Fraser, Katrin Davidsdottir ou Cole Sager. Rien que ça. Le garçon est également owner de CrossFit® New England, une box à proximité de Boston, au pays de l’oncle Sam.

Si tu YouTubes un peu (oui, verbe du 1er groupe), tu as certainement déjà aperçu le monsieur. Généralement, il n’est jamais loin de notre Elsa du handstand, la reine des neiges, Katrin Davidsdottir. Il faut dire que la madame a quitté veaux, vaches, et huskies (bref, son Islande natale) pour venir s’installer à Boston afin que Ben Bergeron la coache. Et il ne ménage pas ses efforts. Son dada? Faire nager ses athlètes dans des lacs glacés envahis de méduses par exemple. C’est dans ces moments-là que tu te dis que les champions de CrossFit® ne sont pas cablés comme nous/moi. Je t’explique, le premier qui me fait monter sur un rafiot en hiver, histoire de me faire nager dans des conditions pareilles, j’utilise l’ancre du bateau en guise d’emporte-pièce sur son visage. Mais là n’est pas la question. Et le pire? Le pire? Ses athlètes ont droit à un ou deux cheat-meals par an ! Par an ! Et toi qui fait ton malin avec tes brocolis vapeur alors que tu t’es farci la tronche au KFC tout le week-end, on fait moins le malin, hein?

Alors, dans son livre, le monsieur ne te dit pas de te nourrir uniquement à base de spaghetti de Konjac. Il n’est pas aussi précis que ça. Et c’est peut-être ce que je lui reproche un peu. Mais j’y viens, détends-toi.
D’abord, commençons par le commencement. La bête a été publiée en 2017. Elle affiche 197 pages au compteur (donc clairement, ça se lit en l’espace de 3 ou 4 chippers) mais, mais, attention, c’est tout en anglais. Remarque 67% anglais, 33% thaïlandais, ça nous aurait bien avancé. Enfin voilà, tout ça pour dire que si tu n’as pas fini ton Passeport 5e anglais, tu as intérêt à garder un Harraps à proximité. Même si, clairement, ce n’est pas un vocabulaire qui puise dans l’anglais médiéval. Ca reste franchement abordable. Ah bah ouais, on fait les malines à mâter le mec dans Bridgerton mais on met les sous-titres, hein (ou pire !! EN VF !) ! Bande de gourgandines !
OK, je range mes chaussettes en angora et mes claquettes de rando (non, mais le concept, déjà. Des claquettes de rando. Genre tu veux affronter les chemins tel un petit chamois mais tu veux faire des exos de respiration des ièps. Bref). Fin de la complainte de l’ex prof exploitée par Acadomia.

Le livre comprend 12 chapitres, 12 commandements sans buisson ardent (au sens biblique. Je ne veux rien savoir de vos MST). Ces 12 commandements s’articulent autour de concepts qui sont à la base de son coaching. Comme la notion de contrôle (pas surprise), celle d’humilité, la confiance, l’investissement personnel, … Sans contexte, de pareilles notions sont un peu abstraites. On dirait même presque des mots balancés sur les murs d’un globo gym en guise de déco (parce que les posters de Véronique et Davina, c’est un peu daté). Sauf que le garçon ne fait pas des stickers pour etsy, il a écrit un livre. Et illustre chacune de ces notions avec des exemples. En fait, surtout avec un exemple : le parcours de Katrin Davidsdottir et sa façon d’aborder les Games en 2016. Chaque chapitre correspond quasiment à une épreuve de la compétition. La vie est bien faite, non? Et, cerise sur le Mon Chéri, il nous propose des petits graphiques des fois qu’on soit dans un besoin de visualisation avancé (ou alors c’est un simple travers de coach de CrossFit®, car, rappelons-le, nos coachs sont souvent des artistes qui s’ignorent et aiment particulièrement dessiner des petits bonhommes bâton qui font des cleans).

Comme Ben Bergeron a été coach tout court (non, ce n’est pas une discipline à part entière) avant d’être coach de CrossFit®, il cite pas mal d’athlètes et de coachs d’autres disciplines. Comme le foot américain ou le basket. Ce qui apporte une perspective intéressante, une approche assez globale du sport et de la mentalité propre aux champions. Là où ça pèche un peu? J’aurais bien aimé une bibliographie rassemblant les ouvrages cités. Certainement un reliquat de mon conditionnement islamo-gauchiste universitaire.
Bien sûr, si tu as lu le livre de Katrin Davidsdottir, il y a fort à parier que tu ressentes une sorte de sentiment de déjà-vu. Forcément, on parle des mêmes personnes et des mêmes événements. Un peu comme quand Stephenie Meyer a voulu continuer à se faire un max de flouze en nous reracontant la romance improbable entre une ado instable et un vampire accro aux TPs de chimie…mais du point de vue du sociopathe à paillettes. Là, même si ça manque de loups-garous, c’est un peu différent car c’est vraiment le coach qui dévoile sa méthodologie. Même si, clairement, il n’en dévoile pas trop non plus. C’est son fond de commerce après tout. Il donne des pistes, des moyens d’optimiser ses performances, dans notre pratique sportive comme dans notre quotidien. Ce qui aurait été encore plus intéressant? Qu’il nous donne quelques exercices afin de pouvoir mettre en place sa méthodologie, comme le fait Jason Khalipa, par exemple.
Ben Bergeron, Chasing Excellence, Lioncrest Publishing.
Disponible chez WODABOX (CODE PROMO : HATEWB10)