Nouveau ! Super ! Innovant ! Révolutionnaire ! Il se passe rarement une année sans qu’un nouveau produit ne débarque sur le marché du CrossFit® en nous promettant une meilleure récup’. A chaque année, sa cuvée miraculeuse. Et comme les athlètes de CrossFit® ont souvent été des Tortues Ninja dans une autre vie (et je ne parle pas de leur consommation de pizzas, avec ou sans base chou-fleur), ou des mannequins de crash test, ils adorent céder à l’appel de la nouveauté, telle une enfant de 8 ans face à la gamme licorne chez Claire’s. Moi la première. Les appareils d’électrostimulation, les pistolets de massage, les compléments alimentaires, …entrez, entrez, il y en aura pour tout le monde ! Entre effet de mode et efficacité, il y a à boire et à manger (comme après certaines premières tentatives de Fran) – et parfois, certains produits nécessitent de s’improviser fondateur d’un cartel de jeux Star Wars vintage, histoire de couvrir ses dépenses.
Donc avant de tenter de voler le cabas d’une petite vieille à Intermarché – ce qui t’obligerait à courir, perspective passablement rédhibitoire et effrayante pour la plupart des pratiquants de CrossFit® – on se pose cinq minutes et on met la voix de Pierre Bellemare sur mute.

Parce que ces joujous, aussi tentants soient-ils d’un point de vue totalement déraisonnable et franchement consumériste (fin de la parenthèse Marx Attacks), restent des joujous, des accessoires, des compléments, … Mais aucun n’a été consacré par le Vatican (ou toute autre autorité compétente). Donc pour le miracle, on repassera.
Bah oui, Martine, tu auras beau avoir un sulfateur de jambon, branché sur secteur, connecté au wi-fi, qui cuisine des pancakes à la myrtille pendant que ça te diffuse le best-of de Tino Rossi, le bidule ne sert pas à grand chose si tu as le même cycle de sommeil qu’un étudiant texan lors d’un spring break à Tijuana. Il faut faire dodo, Martine. Enfin, pas tout le temps. Mais suffisamment. Donc si tu n’es pas capable de dormir plus de 5 heures parce qu’il te semblait essentiel, à 3h du mat’, de connaître le tour de tête de Jean-François Coppé, tu es autant dans le déni que Bella tentant de faire sa vie avec un hémophile (à tous les sens du terme), qui trouve le lycée si cool qu’il y a passé les 200 dernières années. Le lycée, cool? Voilà, tu as compris le problème.

Donc merci d’arrêter ta litanie en mode « je ne comprends pas, je ne récupère pas bien » et/ou « je ne progresse plus en ce moment ». Bah oui, à force de poster des selfies de coussins, histoire de devenir influenceuse chez Alinéa, tu as gagné des valoches sous les yeux et une dette de sommeil. Parce que faire dodo, c’est important. Dans l’idéal, tu devrais baver sur ton oreiller entre 7 et 9 heures par nuit. Evidemment, c’est une moyenne. Certains ont besoin d’aussi peu de sommeil qu’une puce sous amphet’, d’autres sont des koalas géants (sans la propension à chopper la chlamydia. Du moins, je te le souhaite). Et puis, il n’y a pas que la durée qui compte (je sais, j’aurais pu faire une blague graveleuse suite à cette phrase), il y a aussi la qualité. 10 heures de sommeil pourri, c’est toujours moins intéressant que 7 heures réparatrices.

Dormir, ce n’est pas seulement le moment où tu oublies tes courbatures. Ca a un paquet d’autres avantages. Il y a notamment des études qui démontrent que le temps de réaction, la vitesse, la force et l’agilité des athlètes qui dorment en moyenne 10 heures, s’améliorent. Leur mémoire musculaire est également meilleure, ce qui permet d’assimiler plus vite les mouvements qu’ils apprennent (pense aux chorégraphies de fin d’année que sont les déclinaisons autour du snatch. Allez, au lit !)
A l’inverse, les personnes qui manquent de sommeil sont davantage sujettes au diabète, à l’hypertension, l’obésité et autres joyeusetés médicales. Et puis, ne pas dormir assez, c’est plus ou moins la garantie de se transformer en sociopathe qui tente de coincer les cheveux de ses petits camarades dans l’assault bike simplement parce qu’ils mettent de la magnésie pour faire des burpees (une raison valable mais socialement difficile à justifier).

Ne pas avoir la tête dans le cul, c’est aussi minimiser le risque de blessure – genre descendre trop vite de la corde et se plier la cheville à deux heures de partir en vacances (oui, c’est du vécu). Le sommeil permet aussi de maintenir un bon système immunitaire, un métabolisme efficace, améliorer sa récupération et consolider ses muscles (grâce aux hormones de croissance, produites pour la plupart pendant qu’on dort). Non, les picouzes, ça ne compte pas. Range tes seringues, Docteur Maboul.
Comment bien dormir?
Alors, clairement, on se détend, je ne suis pas médecin à l’institut du sommeil mais voici quelques pistes…

- Tu te sors, tu bouges, tu cours et fais la roue dans les champs de tournesol (ça fonctionne aussi avec le lin, le blé, sauf si, dans le dernier cas, tu manges Paleo). Bref, tu profites de la journée pour décoller ton bouli du canap Poltrone Sofa, tu respires l’air pur des montagnes (pas la peine de sniffer un Air Wick si tu habites en ville). Le principal est de montrer à ton petit corps qu’il fait jour et permettre à ton cerveau de faire la différence entre période diurne et nocturne.
- Tu manges correctement et tu évites de te mettre une mine avant d’aller au lit. Donc merci de ne pas se faire une habitude des soirées « Tacos y vomitos » (à dire avec l’accent), ce qui va peser sur ta digestion et la qualité de ton sommeil.
- Les siestes, c’est bien. Les comas, c’est mal. OK, parfois il arrive de sombrer dans une phase de stase intersidérale, particulièrement après un bon gros WOD bien sale. Toutefois, ne plus savoir en quelle année tu es, n’est pas génial pour passer une bonne nuit. Si on tente le torticolis dans le fauteuil club, on préfère mettre un petit réveil au bout de 20 à 30 minutes.
- Tu lâches ce putain de téléphone. Et la tablette aussi. Bref, les écrans génèrent de la lumière bleue. Cette lumière empêche ton cerveau de se mettre en mode nuit et d’enclencher le processus d’endormissement. Donc la terre ne va pas s’arrêter de tourner si tu ne checkes plus les PR de Mat Fraser – ou la dernière recette de fluffy pancakes – après 21h.
- Instaure une routine pour te relaxer. Certes la tisane est la plus grande arnaque marketing de ces deux derniers siècles. Ca doit t’aider à t’endormir. Par contre, pour parler du délestage nocturne de fluides, il n’y a plus personne. Mais si ça te fait du bien et/ou que tu disposes d’un pot de chambre ou d’un ficus, ça peut faire partie des petites habitudes qui permettent de se poser avant d’aller au lit. Tu peux aussi méditer, faire un peu de relaxation, lire un bon bouquin, bref c’est toi le boss.
- Evite la chambre en mode « tornade tropicale ». Un environnement propre et rangé est souvent plus propice à la détente qu’un capharnaüm digne du 7e cercle de l’enfer – ou d’un épisode de Super Nanny (ce qui revient un peu au même). Exit le vieux matelas pourri et les miettes de cookies dans les draps, on choisit une bonne literie, un oreiller adapté et des draps qui ne provoquent pas de crises urticantes.
- Le sauna, c’est marrant, sauf pour dormir. Idéalement, la chambre doit rester fraîche (autour de 18°C). On dégage au maximum les appareils bruyants et/ou lumineux et on tente de dormir dans l’obscurité la plus totale possible.
- Personnellement, l’autre truc qui fonctionne très bien, c’est de me coucher et me lever toujours aux mêmes horaires. Un rythme qui permet d’adopter de bonnes habitudes et de m’assurer mon compte de sommeil.
1 réflexion au sujet de “Mais tu vas dormir, oui?”