Aucun besoin de commander une coûteuse étude au CNRS. C’est un fait : comme dirait Grégoire (le chanteur, pas mon abruti de petit cousin qui a tenté de me mettre un coup de carabine à plomb dans l’œil), toi plus moi, plus eux, bref coupons court à cette logorrhée : NOUS, en somme, nous sommes irrémédiablement contaminés par le CrossFit®. Jusqu’à la moelle, jusqu’au plus profond de notre âme vendue à Greg Glassman (ou aux débardeurs Born Primitive, chacun ses faiblesses. Merci de ne pas me juger).
Abonnés aux WODs réguliers, aux steaks saignants (je ne parle pas de ceux qui se servent dans une assiette), aux constellations d’hématomes et aux soirées à base de houblon avec les copains, le CrossFit® est aussi essentiel pour nous que le café (ou le thé) – et le silence- avant 7 heures du matin. Sauf qu’aux yeux de nos familles, nous sommes juste bons à soulever des charges de forain en beuglant comme un lamantin subissant une coloscopie, tout ça pour finir par vomir tripes et boyaux dans le seau de magnésie le plus proche. Sauf que NON !!!

On ne va pas à la jouer à la pub Cofidis avec ses petits clichés cheloux mais il faut se rendre à l’évidence : le CrossFit® n’a pas toujours très bonne presse auprès des « non-initiés » (OK, le terme est à deux doigts de nous faire basculer dans la théorie des chemtrails et des soirées à danser à poil autour d’un cèdre centenaire).

Pour pas mal de monde, le CrossFit® est une mode aussi passagère que les L5, uniquement faite pour générer des hernies discales et flatter l’ego de quelques mecs (oui, mecs. On est dans le cliché, ne l’oublions pas) qui réagissent aussi vivement au mot « compétition » qu’un labrador sable face à une balle. Sauf que, à moins d’avoir vécu les derniers mois enfermé dans une téléréalité à chercher l’amour auprès de personnes dont les fluides corporels ont été remplacés par du botox, vous savez qu’HQ y va à fond les ballons sur le côté « santé ». Et pas sans raison…

Bah oui, parce que, les gens ne vont pas super, en fait. Ils bouffent des bonbons minceur (merde, rien que le terme est antinomique), se font livrer des plats de « régime » à base de viande de chaton histoire de compenser tous les tacos au cheddar (ou au mastic rubson, pour ce que j’en sais, compte tenu de la consistance) qu’ils s’enfilent le samedi soir, et espèrent être en bonne santé en faisant 100 mètres par jour pour aller acheter des tiramisu industriels à Carrefour express. Mais TOUT-VA-BIEN.

Pour partir en mode « Ma vie, mon œuvre », certains de mes proches sont prêts pour un marathon… mais un marathon Netflix, et pas de course à pied. Ils vieillissent (bah oui, comme tout le monde. Un an tous les ans) et multiplient les problèmes de santé. Somme toute, des trucs assez répandus (mais pas pour autant bénins). Du diabète de type II, des problèmes de dos, du cholestérol, des ennuis articulaires,… Pendant longtemps, la réponse à tout ça se résumait à quatre mots : « Amour, Gloire et Beauté ». Bref, l’idée était d’encourager nos ainés à tenter la fusion avec leur fauteuil Everstyl.

Pour certains, on accompagnait (et on accompagne toujours) le cocktail cathodique de médicaments. Des médicaments qui ont pour but de traiter les conséquences plus que la cause du mal. Des médicaments qui ont souvent des contre-indications et génèrent de nouveaux maux. Alors, non, je ne vais pas cramer ma brassière lululemon devant chez Bayer, histoire de m’insurger contre les industries pharmaceutiques. La médecine, c’est bien. Mais on ne peut pas rester le cul dans son canap’ en espérant qu’une pilule magique va régler notre manque total de motivation à troquer les chips barbecue contre des brocolis. Regardez Néo. Pour lui non plus, ça n’a pas fonctionné super. Le gars est parti en bad trip pendant 12 ans, s’est raccordé le bulbe à la Fibre et a lutté contre des pieuvres Mécano dans les égouts de Chattanooga.

D’ailleurs, depuis quelques années, les médecins changent leur stéthoscope d’épaule. Un constat prévaut : le maintien d’une activité physique adaptée à l âge est très favorable au maintien de la densité osseuse( voire augmentation de la trame osseuse !), permettait de renforcer les structures tendineuses et de maintenir la masse musculaire. Par ailleurs, ça évite le grand n’importe question miam miam (genre quand ma grand-mère diabétique ne consomme que des clémentines en guise de diner) puisque l’activité physique régulière ouvre l’appétit, permet l’apport de protéines essentielles à la construction ou au renforcement des fibres musculaires et cadeau bonux, tu donnes davantage le moral qu’une promo chez Sephora puisque bouger à un effet anti-dépresseur et permet de garder un lien social. Autant d’arguments pour inciter ses parents ou grands-parents à franchir la porte d’une box.

Et là, c’est un peu le moment gênant où on doit se transformer en missionnaire mormon version lycra antibactérien. Il y a fort à parier que nos proches, sauf révélation post citrate de bétaine, n’iront pas d’eux-mêmes se renseigner sur notre CrossFit®, celui qu’on pratique au quotidien, celui qui m’a permis de ne plus friser l’obésité, de ne plus avoir le dos bloqué tous les trois mois et d’éviter la médication pour des problèmes cardiaques. Chacun son histoire, sans pour autant que ça fasse pleurer dans les chaumières à la Princesse Sarah. Mais le CrossFit® a forcément eu un impact sur votre santé, physique voire mentale. Ca sera trop bête de garder ça pour nous, non? Expliquez-leur ce que ça vous apporte, physiquement voire mentalement (mais ne parlez pas des problèmes financiers induits par l’achat compulsif de pompes customisées).

Le plus difficile ? Leur faire passer le pas de la box. Vous vous souvenez? Ce petit accès de trouille face à l’inconnu, face à une discipline qui peut impressionner et surtout face à ses propres faiblesses. Sauf que c’est déjà un pas de géant vers une meilleure santé, vers la possibilité de se réapproprier son corps, à son rythme, sous l’œil bienveillant d’un coach et d’une communauté. N’hésitez pas à insister : chaque mouvement peut être adapté en fonction des possibilités et capacités de chacun. Non, Nicole, les HSPU sur les anneaux, ce n’est pas pour tout de suite (et ce n’est pas forcément une fin en soi). L’activité est adaptée, adaptable, variée, fun, dans le respect des aptitudes de chacun.
Car, c’est ça qu’il faut retenir : le CrossFit®, ce n’est pas que la compétition. C’est surtout un moyen de (ré)apprendre à bouger au quotidien afin de mieux vieillir, de ne plus se blesser en portant ses courses, pouvoir ranger une étagère, bouger un pot de fleurs, de ne plus avoir le rythme cardiaque qui flambe dès qu’on pose le pied dans un escalier, de contrer un corps qui nous a un peu échappé…voire simplement d’arriver à se lever de sa chaise seul(e). On devient acteur de son mode de vie.

Bien entendu, certains ne veulent rien savoir. Tant pis, ligotez-les et trainez les jusqu’à la box, ça vous fera un WOD sled gratos. Blague à part, tout le monde n’osera pas l’expérience. Mais pour ceux qui tenteront, ils ne le regretteront pas. Si Roger et ses jerricans de flotte l’ont fait, pourquoi pas votre mère?
Un grand merci au Dr Didier Lassegnore, médecin généraliste et CrossFiteur, pour son aide !