Pendant longtemps, le yoga a été pour moi un truc un peu étrange, peuplé de anciens anarchistes et des soixante-huitards pas tout à fait redescendus après une pinte de tisane aux champis. Bref, des gens qui aiment les sarouels et les poils sous les bras. Sachant que tout pantalon qui te donne l’air d’avoir une couche pour adulte n’a jamais été une thématique de défi dans Les Reines du shopping, je suis toujours restée à l’écart de ces personnages qui chantonnent des monosyllabes.
Mais comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, du moins selon ma mamie, j’ai ouvert mes chakras. Pourquoi un tel revirement de situation? Simplement parce que lors de mes procrastinations quotidiennes sur Internet, je me suis laissée dire que le yoga serait un bon complément pour le CrossFit. Et, en y regardant de plus près, certaines positions de yoga s’intégraient déjà à mes échauffements CrossFit.
J’ai donc profité de quelques cours chez lululemon athletica pour me réconcilier avec la pose du corbeau, du poney mort dans l’herbe, de l’écureuil en pleine crise d’angoisse et du chat constipé. OK, pas moyen de retenir le nom des postures (sauf le corbeau, la faute à Game of Thrones et son concept particulier de l’amour fraternel), mais j’ai découvert que le yoga pouvait être accessible et ludique. Adieu les yogis à turban qui hyperventilent à cause des vapeurs d’encens au patchouli. Sauf que, pauvre de moi, je n’habite plus à Paris. Alors, déjà qu’on a de la chance d’avoir un Monoprix, il ne fallait pas compter sur une boutique lululemon dans notre verte province. Bien entendu, il y avait des studios de yoga, mais comment se décider à en intégrer un en particulier? Pour ma part, ça a été un peu au feeling. L’un d’eux proposait des sessions de yoga dans des endroits insolites (je parle du bord de mer ou dans une superbe bibliothèque, pas des WC du PMU Le Balto). Une bonne occasion de tester un cours ou deux durant l’été, avant de se décider pour le reste de l’année.
La prof était sympa, sans poils sous les aisselles, rigolote et avait une approche décontractée de la discipline. Ca veut dire quoi? Qu’elle n’a pas passé son temps à nous cracher à la figure les noms des postures en sanskrit et ni nous enjoindre à suçoter de jeunes pousses de chou kale durant les soirs de pleine lune. Maintenant, la question qui tue : quel yoga choisir? A cette interrogation, jeune Padawan, variable est la réponse. Lors de mes sessions parisiennes, j’ai testé et adoré le Vinyasa. Le rythme est assez soutenu car il faut enchaîner les postures de manière fluide et continue. Pas le temps de souffler. Une super option pour ceux qui ont la bougeotte. Sachant que j’ai la capacité d’attention d’un enfant de 8 ans qui s’est enfilé à la cuillère 500 grammes de Nutella, c’était le yoga idéal. Sauf que, c’est bête à dire mais tous les studios de yoga ne proposent pas forcément le type de pratique qui vous attire de prime abord. Donc adieu vinyasa, bonjour Hatha ! Le Hatha est la pratique la plus ancienne du yoga et la plus courante en Occident. Les postures s’enchaînent, mais de manière moins intensive que dans le Vinyasa. Par ailleurs, nous travaillons beaucoup sur la respiration ainsi que la méditation.
Après plus de 6 mois de pratique, quel est le premier bilan? Je sais désormais respirer comme un Jack Russell qui tourne dans un porno. Et cette information est totalement exacte. D’une séance à l’autre, nous alternons entre différentes méthodes de respiration. Dont une qui semble tout droit sortie d’un film X zoophile. Euh…Quand on n’a pas l’habitude, ça surprend. Comme je suis bon public, j’ai commencé à pouffer comme une prepubère un peu gourde. Sauf que tout le monde autour de moi était plus sérieux qu’après avoir ouvert un courrier des impôts. Douche froide. J’ai donc tenté vainement de faire l’exercice. A force de respirer comme une loutre asthmatique, j’ai fini par avoir la tête qui tourne. Bien respirer n’a rien d’évident. Pire, c’est même très fastidieux. Lors de mes premières sessions, j’avais juste envie de fuir me claquer un mojito au café du coin lorsque la prof annonçait le travail de la respiration. Mais j’ai continué à travailler, à faire mon maximum, à renoncer à l’appel du rhum… J’ai constaté l’utilité de ce genre d’exercice pour bien récupérer, me détendre physiquement et mentalement après une grosse journée de travail ou un WOD compliqué.
La respiration est également primordiale dans la réalisation des différentes postures. Désormais, finies les apnées lorsque les WODs me cognent sur la carafe. Savoir gérer sa respiration, c’est mieux gérer son effort. Un véritable atout sur un metcon ou une session de force.
Bien sûr, parmi les autres apports indéniables du yoga, je compte une amélioration de mon équilibre, de la perception de mon corps dans l’espace, mais surtout une plus grande souplesse et une meilleure mobilité. A raison d’une heure trente par semaine, je suis à nouveau capable de faire des mouvements qui n’étaient devenus impossibles au fil des années. Oui, les ravages du temps sont passés par là.
Je gagne en amplitude et, comme, je sais désormais respirer un peu mieux, le souffle vient m’aider à aller plus loin dans la réalisation de certaines postures. Comme c’est un cercle vertueux, la musculature acquise au CrossFit m’aide à réaliser les postures avec plus d’aisance. Le yoga consolide mon gainage et m’apprend à contrôler mes mouvements. Presque fini le temps du « j’y vais à l’arrache et on verra bien ». Oui, presque. Car je reste une yogini débutante. Je continue à m’étaler comme une crêpe en revenant de certaines postures ; à tenter d’en passer d’autres en force, sous le regard désapprobateur de ma prof ; à vaciller comme tonton Roger après son 12e apéro sur les postures d’équilibre ; à être tentée d’hurler à la mort parce que mes jambes manquent de m’exploser le nez en faisant la posture de la charrue, …

Bref, comme au CrossFit, l’apprentissage n’est jamais terminé ! Mais j’ai hâte de découvrir ce que les prochains mois de pratique me réservent et m’apporteront. Et vous, ça vous tente, le yoga?